27 janv. 2013

Good Run



Je me suis jamais trop penché sur la question pas si intéressante que ça de : "Faut-il payer son ticket de bus en faisant un acte citoyen ou peut-on ne pas payer sous prétexte que les contrôleurs ils passent jamais ?"
Si vous avez une voiture, vous ne vous l'êtes sans doute jamais posée non plus.


J'ai répondu à ma manière.
Si je suis fortuné sur le moment, j'achète mon ticket, si je ne le suis pas, j'en achète pas.
J'avais fait un calcul savant qui prenait en compte la probabilité de me faire gauler par les contrôleurs et de payer une amende tout les X trajets, comparativement au prix additionné de tout mes trajets.
Il en ressortait que de ne rien payé, c'était moins onéreux.
De toutes façons, je n'ai jamais été fortuné, alors ça règle la question.

Je n'achète jamais de ticket de bus ou de métro.
Croyez le ou non, je suis dans un good run phénoménal sur les contrôleurs et les amendes.
A chaque fois, je dis bien A CHAQUE FOIS, qu'un contrôleur contrôle mes titres de transports, il se trouve que par le plus grand des miracles, j'ai acheté un ticket ce jour là.
Alors que j'en achète genre un sur 25.
Une sorte de 6ème sens.
Avant de monter dans un bus, à chaque fois que j'ai une appréhension, j'achète un ticket; et BOOM contrôleur derrière.
Vous y croyez vous à un oignon pareil ?

Non ?

Voici trois petites historiettes pour vous en convaincre.

Historiette n°1 :

Je suis dans le bus, rentrant harassé d'une journée de boulot quand tout à coup monte trois hommes en parka vert foncé.

Le monsieur : "Vos titres de transports s'il vous plaît"

Moi : "Ah non, mais j'ai vraiment pas de cul ! J'achète un ticket à chaque fois que je prends le bus, c'est à dire tout les jours et La fois ou j'en achète pas.. PAF vous arrivez, c'est incroyable !"

(C'est un 3bet avec 47os contre une calling station que je tente là)

Moi : "Non mais j'en ai acheté un ce matin en venant travailler mais là je n'avais pas d'argent sur moi et j'habite à l'autre bout de la ligne, je peux pas revenir à pied"

Yeux de chien battu, toute l'honnêteté du monde sur mon visage.

Le monsieur : "Vous avez toujours le ticket de ce matin sur vous ?"

Je m'empresse de lui donner.
Ouais j'en ai un.
Je sais pas pourquoi mais j'en ai acheté un ce matin, et je l'ai gardé pour me servir de marque page.

Le monsieur : "Bon aujourd'hui, c'est la journée "Découverte transpôle", ça veut dire que votre ticket est valable toute la journée. Bonne journée monsieur."



Historiette n°2 : 

Je dois prendre le bus pour me rendre au lycée.
J'ai eu envie de m'acheter un ticket ce matin.
Je sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment de devoir acheté un ticket.
Je vole 1 euro quarante dans le portefeuille de ma rousse qui dort encore et m'engouffre dans le froid du Nord.
Sauf qu'ils ont augmenté leur tarif ces cons là.
C'est un euro cinquante maintenant.
Pschchhhh.
De toutes façons, c'est pas bien grave, les contôleurs passent jamais.
Mais je peux pas m'empêcher d'avoir l'estomac noué pendant tout le trajet, irrationnellement.
Et ça loupe pas. un arrêt avant le mien, je vois les parkas vertes des contrôleurs.
Des jeunes avec le crâne rasé.
Ils vont pas se laisser attendrir ceux là. 
Ils sont quatre et il y a trois entrées au bus, je suis fait comme un rat.
Je prépare déjà mon argumentation et sors les un euro quarante, faisant foi de mon intention de payer ce ticket.

Mais au moment où mes bourreaux rentrent dans le bus, un petit jeune à casquette essaie d'en sortir en force.
Il doit pas avoir la conscience bien tranquille non plus.
Il bouscule un des contrôleurs en tentant de se frayer un passage.
La parka verte appelle ses collègues pour voler à son secours.
Et le miracle se produit.
Les parkas vertes sortent du bus pour aider leur collègue et mater le forcené.
Mon bus les laisse sur le trottoir.


Historiette n°3 : 

Je dois prendre le métro pour rejoindre le gros Gégé.
Et encore une fois, le sentiment qu'il faut que j'achète un ticket m'assaille.
Sauf qu'il y a une petite dizaine de japonaises devant le distributeur.
Et vu comment elles se marrent en regardant leur copine se galérer à tourner la petite molette, je sens que je suis pas prêt d'acheter mon ticket.
Tant pis, je suis en retard, je pisse sur mes pressentiments et prends le métro.
Arrivé à destination, je monte l'escalator vers la sortie et je suis pris d'une sourde angoisse.
Irraisonablement, je sens qu'ils sont en haut de l'escalator.
J'ai presque envie de faire demi tour et descendre à la station d'après.
Je me raisonne, c'est ridicule, ils n'ont aucune chance d'être...

Oh bordel. Ils ont sorti le grand jeu.
D'habitude ils sont une demie-douzaine et disposent d'un filtre couleur qui ne laisse passer que les blancs de plus de 25 ans.
Mais là ils ont sorti le gros des troupes.
Il y a quinze parkas vertes en haut de l'escalator.
Et ils sont pas là pour rigoler.
Personne n'y échapera.
J'en vois un en train de faire pleurer une mamie.

Je me résigne.
Cette fois, je suis cuit.
Je m'avance dignement vers mon destin.
Le tribunal, la prison, les sévices sexuels, la rédemption en découvrant une vieille bible dans la bibliothèque poussiéreuse de la tôle, la prise en main de la prison après avoir été élu chef des chicanos, l'empire de la drogue que je dirige d'une main de fer impitoyable, et le succès, la richesse, les putes et la coke...
Tout ça défile devant mes yeux pendant que je me dirige, l'air penaud, vers le monsieur à la mine patibulaire.
Il dois avoir compris à mon regard parce qu'il a déjà sorti son carnet de contravention.
Je reste juste à côté de lui pendant qu'il marque des trucs dans son carnet.
Mais c'est bizarre quand même qu'il me demande rien.
Puis, sans me regarder, il se dirige vers un de ses collègues pour lui montrer ce qu'il y a sur sa feuille.
Sans avoir bouger, je me retrouve derrière le cordon des parkas.
Personne ne fait attention à moi.
Je suis passé !!!
J'ai du mal à croire à se qui se passe.
J'en reste immobile pendant 10 secondes.
Et puis je réagit. je suis libre.
Run for your life !
Je m'éloigne avec la peur qu'on me tire en arrière.
Mais non, je sors de la gare. 
Je respire.
J'écouterais toujours mon instinct à partir de maintenant.

Et je continuerais à pas payer mes tickets.


Vous y croyez vous ? Je suis en good run.

8 commentaires:

  1. chui vert, j'avais ecrit un pavé sur mes propres histoires d'autobus oh combien attrayante et puis j'ai merdé j'ai tout perdu... et bin tant pis

    Sinon j'ai bien ri ! :)
    cbinou

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  2. moralité : il faut toujours suivre son instinc.

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  3. aucune solidarité, mais ça voterai à gauche que ça ne m'étonnerai pas !
    les fraudeurs sont la gangrène de notre société !

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    1. Je suis bien d'accord.
      Et les artistes ne servent à rien à part trouer le budget, les fonctionnaires sont des gros fainéants, les roms volent nos autoradios, les noirs nos GPS, et les arabes nos mobylettes.
      Entends tu ces féroces soldats mugir dans nos campagnes ?
      Sais tu qu'ils viennent jusque dans nos bras, égorger nos filles et nos compagnes ?
      Et on les laisse faire !
      Eiffel, je suis de tout coeur avec toi, la France va mal, il va falloir allumer les torches.
      Par contre, c'est le dernier commentaire que je valide venant de ta part.

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  4. T'as calculé sa te fait combien de caves de NL50 ou 100 d'économisées depuis le temps ? :)

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  5. moi aussi un jour j'avais tenté un 3bet light ( enfin pas light sur la mauvaise foi) en pretextant que je ne savais pas qu'on était en zone 3.. Ah ben oui ici à Paris on a les zones, sinon ce serait trop simple.
    Mes bon y avait rien eu à faire, la contrôleuse qui était aussi laide que calling station m'avait callé tous les barels, y compris le shove final. ( qui était " Mais c'est trop compliqué vos histoires de zones pour un varois comme moi qui n'a jamais pris le métro!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!)

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  6. J'ai bien aimé le "C'est un 3bet avec 47os contre une calling station que je tente là" :)

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  7. Excellent!
    Une fois moi j'avais acheté mon ticket de métro, et boum occupé avec tous mes sacs (je partais en voyage)je le laisse tomber par inadvertance sur le quai en sortant de la rame. Bien entendu 20m plus loin un cordon de "cons-trop-leurre" me stoppe :ils ne me croient pas qd je leur raconte que j'ai dû le faire tomber (forcément), me laissent malgré tout tenter de le retrouver parmi les centaines de tickets qui jonchent le sol à cet endroit là, amusés. T'aurais dû voir leur tête quand par miracle j'ai retrouvé mon ticket! (le one outer qui sort!) :)

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