La délicieuse odyssée de la rousse et du pinpin.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
En bleu, les trajets à pied.
En rouge, les trajets en vélo.
Vous trouverez ci dessous les détails de notre odyssée point par point.



1/ Samedi 14 juillet.
Nous venons de finir une soirée sympathique à jouer à Carcassone chez Marie et Stephen, rue  Meurein.
Aucune envie de rentrer à patte avec le gros sac plein de jeux de société.
Mais le métro de Lille à 01h30... bah il est fermé.

Stephen : "Vous êtes à pied ?"

Regard mouillant et plein d'espoir vers Stephen.
Tu as un jet privé Stephen ?
Dis oui. Dis oui.

Marie : "Bah prenez le Vlille !"

Tiens oui, pas con. Le Vlille. Le système de vélos tout rouge de la ville de Lille. Jamais essayé.

Marie : "Vous allez voir, c'est super simple"
(ça tombe vraiment bien, parce que je suis pas capable de bitter quoique ce soit)

Marie : "J'ai utilisé un Vlille y a moins de 24 heures, vous pouvez prendre le mien. Par contre, faudra payer l'autre avec la carte bancaire. Tiens ça c'est les codes. Tu clique d'abord sur abonnement un jour ou une semaine, après tu rentre le code que je t'ai marqué sur le papier."

Moi : "C'est celui ou il y a marqué CODE ???"

Marie : "Non ça c'est le mot de passe. D'abord tu rentre le chiffre qui est au dessus, c'est ça le code. Après tu rentre le mot de passe, c'est le chiffre du dessous, là ou il y a marqué CODE."

Moi : "..."

Stephen : "Par contre, je crois que la station d'à côté, on peut pas utiliser la carte bleue. Ca ne marche qu'avec les abonnements. Quand t'arriveras rue Gambetta, faut que tu tourne à droite, pas à gauche.
A gauche il y a une station mais on peut pas utiliser la carte bancaire. Faut que tu tourne à droite, et tu fais 200 mètres. C'est pas loin."

Marie : "Ha oui ! Et surtout faut les rendre avant 30 minutes, sinon ils prennent une taxe en plus !"

Très bien. Aurevoir Marie. Vous aussi, la bise. Aurevoir Antonin.  Passez une bonne soirée. Aurevoir Stephen. Mes amitiés à ton chat. Aurevoir Elsa. Et on s'appelle hein. Tout ça. Aurevoir Stephen. Merde je t'ai déjà dit aurevoir. Allez hein ! Rentrez bien surtout. Tournez à droite rue Gambetta !!!

Et ma rousse et moi nous engouffrons dans la nuit lourde de Lille.
Au bout de la rue Meurein, on ne sait déjà plus s'il faut tourner à droite ou à gauche.
Je crois qu'il a dit à droite.
On marche pas rassuré pendant près de 400 mètres et on finit par trouver la borne de Vlille.

2/ Ils nous attendent. Sagement alignés, prêt à rendre service.

Je me débrouille pas trop mal pour le premier.
Celui ou il faut rentrer un code.
Je donne le vélo à Elsa.

Pour le deuxième, c'est une autre histoire. Il faut cliquer sur abonnement 1 jour.
Puis rentrer son numéro de téléphone pour recevoir le code d'activation par sms.
Évidemment je n'ai pas mon portable sur moi.
Puis il faut taper un code à 4 chiffres qui servira de mot de passe.
Je choisi 4866. Ce qui est aussi le code de ma carte bleue.
Puis je clique sur entrée.

"Veuillez insérer votre carte bleue".
J'insère.
"Veuillez insérer votre carte bleue".
Mais elle est insérée !  
"Veuillez insérer votre carte bleue".
Gniiiiiiiiii. M'énerve cette machine.

Je recommence toutes les opérations.
Mais cette fois en utilisant la carte bleue de ma rousse.
"Veuillez insérer votre carte bleue".
Mais quelle tête de con. Je l'insère la carte lààààààà !
Elle est insérée tu vois pas ???
Insère insère insère.
 "Veuillez insérer votre carte bleue".
Tu vas voir ce que je vais t'insérer salooooooooooooooooooooooope !!!

On ne lutte pas avec une machine.
C'est stupide et inutile.
La vraie question maintenant c'est celle ci :
Comment on va faire pour tenir, moi, Elsa et le gros sac plein de jeux sur un seul vélo ?

Premier essai : Elsa est assise sur la selle. Elle porte le sac sur son dos et je m'installe en danseuse sur les pédales.
Second essai (ou deuxième essai ?) : Elsa sur mon dos, moi assis sur la selle, avec le sac porté en bandoulière devant moi. 
Troisième essai : Moi assis sur la selle. Le sac dans mon dos. Elsa est assis sur le guidon face à moi, tournant le dos à la route.
Quatrième essai : Moi assis sur la selle. Le sac toujours dans mon dos. Mais Elsa n'est plus assis sur le guidon. Elle pose son pied droit là. Sa man gauche ici. Son pied gauche sur le truc. Et sa main droite m'étrangle.

C'est le quatrième qui nous correspond le mieux.
Je suis incapable d'activer les pédales mais en poussant avec les pieds, le vélo a l'air d'avancer.
Les soiffards sur la terrasse d'à côté se sont bien marré.

3/ 50 mètres plus loin. Je fais ma première pause.
Je n'ai plus de mollets.
On effectue quelques changements stratégiques.
Elsa mets son pied sur le bidule, arrête de m'étrangler et baisse la tête.
Ce qui me permets d'accéder aux pédales et de voir un peu ce qu'il y a devant.
On repart cahin caha.
L'ensemble est instable mais ça avance.
Pas forcément en ligne droite.
On réussit savamment à éviter quelques poteaux et quelques ivrognes.

Hélas.
Dans notre concentration pour notre survie, nous oublions de dresser un trajet intelligent.
Et très vite on se retrouve rue Solférino.

4/ Il faut savoir que la rue Solférino à Lille est autrement appelé "la rue de la soif"
Et qu'un samedi soir à Lille, "la rue de la soif", c'est un doux euphémisme.
Si vous avez vu le premier épisode de la saison 1 de "Walking dead", vous comprendrez.

Notre arrivée dans la rue de Solférino, c'est l'arrivée de Rick dans les rues d'Atlanta. 

Compliqué de se frayer un chemin avec le sac à dos derrière, Elsa devant, et le vélo en dessous à travers cette marée de viande saoule.

Viande saoule n°1 : "Hééééé, attention tu vas te prendre un poteau !"
Viande saoule n°2 : "Hééééé, j'peux monter aussi ?"
Viande saoule n°3 : "Hééééé, ton copain il est bourré ?"
Viande saoule n°4 : "Hééééééééé !"

On pourra constater la finesse d'un être humain bourré.

Nous arrivons tant bien que mal à traverser le tas.
Et filons dans la rue Solférino de toute la vitesse de mes petits mollets. 
Les zombies se font de plus en plus disparates.
J'arrive assez bien à les éviter quand Elsa ne remonte pas sa tête.

5/ Vers le milieu de la rue Solfé, c'est une autre sorte de crétin nocturne que nous rencontrons.
La "Quad" team.
Des mecs qui profitent du jour férié, ou de la nuit et sortent en bande sur des quads dans le centre ville de Lille.
L'équipée sauvage des glands.
Ils font hurler leur moteur aux feux rouges, crient dans la nuit et repartent sur les deux roues de derrière

La quad team s’apprète à terroriser la ville

Je fredonne la chanson de Joe Dassin : "Ah si j'avais un fusil à pompe".
Je ne suis pas sur que ce soit Joe Dassin qui est chanté cette chanson.
Ni qu'elle existe vraiment.
A vrai dire, je suis à peu près sur qu'elle n'existe pas.
Mais je la fredonne gaiement.

6/ Arrivés au croisement de la rue Solférino, la rue Jeanne d'Arc, la rue Gosselet et la rue Brûle-maison, je sue à grosses gouttes, respire bruyamment comme un âne, et peine à faire un mètre de plus.
Nous changeons nos plans.
Je laisse Elsa filer sur le vélo et je vais jusqu'au parc Jean-Baptiste Lebas à pied, avec le sac sur le dos.
Elle doit se dépêcher. Je ne sais pas combien de temps il reste.
Mais on doit rendre le machin avant 30 minutes.

Je suis bien content de terminer ce mauvais trip à vélo.
Tu parle d'un bon plan.
Je suis en sueur, j'ai chaud, je sens plus mes jambes, on s'est speedé comme des cons, et j'ai encore un bon kilomètre à faire à pied.
Je longe le parc aux grilles rouges.

7/ Et arrive aux bornes Vlille du parc.
Elsa est en train de tourner autour sur le vélo.

Elsa : "y a plus de places libre pour poser le vélo !"
Moi : "..."
Moi : "..."
Moi : "..."
Moi : "Gniii"

Bon changement de plan.
Elsa est fatiguée, elle en a marre.
Je lui mets le sac sur le dos.
Et elle part directement au 13/ à pied.
Moi je grimpe sur le vélo, m'enfonce dans la nuit et dans la rue de Douai.
En maudissant la ville de Lille.

8/ Je roule sur le trottoir de la rue de Douai et voit arriver sur le même trottoir un troupeau d'une dizaine de jeunes dindes de 16 ans se rendant surement dans un club de lecture. 
Ma courtoisie naturelle m'empêchant de vouloir leur rentrer dedans, je fais un écart vers la droite avec le vélo.
Sauf qu'évidement, à droite, il y a le mur.
Je manque de me le prendre, arrête le vélo et subit les explosions de rires des jeunes dindes.

Jeune dinde n°1 : "Hé msieur ! Faut pas faire de vélo quand vous êtes bourré !"
Moi : "Nan mais je suis pas bourré"
Jeune dinde n°2 : "Vous êtes fatigué alors ?"
Moi : " Nan, je..."
Jeune dinde n°3 : "En fait, vous savez pas faire du vélo !"
Elles explosent de rire et repartent en laissant un nuage de parfum "Justin Bieber"
Je refredonne "Ah si j'avais un fusil à pompe" de Joe Dassin.

9/ Il n'y a plus de place non plus sur les bornes de la rue de Douai.
Je m'éloigne de plus en plus de chez moi et ça commence à me porter sur les nerfs.
Je poursuis vers la porte de Douai.

10/ Il n'y a plus de places non plus à la porte de Douai. J'en pleurerai.
Les 30 minutes doivent être dépassées.
Je croise un jogger du samedi soir 2h00 du matin qui doit lire la détresse dans mes yeux.

Le jogger : "Porte d'Arras, il y aura des places, il y en a toujours. "

Merci jogger, tu auras été mon oasis dans cette série de mésaventures.
Je poursuis donc mon périple vers la porte d'Arras. 

11/ Il avait raison. Il reste de la place porte d'Arras.
J'enclenche le truc du vélo dans le bidule de la borne.
Lumière rouge.
Lumière verte.
Lumière rouge.
Lumière verte.
Lumière rouge.
Lumière verte.
Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.

Une partie de moi est complètement soulagée.
J'en ai fini avec cet engin du diable.
Plus jamais le Vlille. Plus jamais.

Je suis pas sur mais je crois que le chemin qu'il me reste à faire à pied pour rejoindre mon appartement est à peu près le même que celui qui sépare l'appart de Marie et Stephen au notre.
Je me remplis d'abnégation et marche sur les trottoirs déserts. 

12/ Vers la porte de Valencienne, deux mecs m'interpellent et veulent me vendre de la coke.
Malgré plusieurs refus de ma part, ils persistent à vouloir m'en vendre.

Le monsieur : "Vazi, t'as une tête à acheter d'la drogue toi !"
Moi : "Bon ok. Attends un peu"
Je mets la main dans ma poche et sors 16 centimes.
Moi : "Tiens voilà, j'ai 16 centimes, tu me donne quoi pour ça ?"
Le monsieur : "Non mais..."
Moi : "Attends, attends, il m'en reste une. Voilà. 21 centimes en fait. Montre voir ce que t'as..."
Le monsieur : "Vazi c'est bon, barre toi."

Je repars vers mes pénates.
Je sais qu'il faut entretenir de bonnes relations avec les petits commerçants de quartier mais à cette heure ci, faut pas commencer à jouer avec mes couilles. 

13/ J'arrive exténué chez moi.
Je me jette sur mon fauteuil.
J'ouvre Pastèque poker.
Et m'installe à une table de HU.
Deuxième main :

quick71 ($49.50)
Touffeman($50.48)

Touffeman posts (SB) $0.25
quick71 posts (BB) $0.50

Dealt to Touffeman
Touffeman raises to $1.50
quick71 calls $1
FLOP ($3)
quick71 checks
Touffeman bets $2
quick71 calls $2
TURN ($7)
quick71 bets $1.25
Touffeman raises to $11
quick71 calls $9.75
RIVER ($29)
quick71 checks
Touffeman bets $35.98 (AI)
quick71 calls $35 (AI)

quick71 shows
Touffeman shows
Touffeman wins $96.02

Quick71 : "Tain mais t'es vraiment qu'un gros chattard."