17 oct. 2011

Viva las cavas !

Vous connaissez And the river came ???

Un JamesBond cashgamer qui nous envoie régulièrement des cartes postales de ses parties.
Le lundi de Lausanne, le mercredi du Bellagio, le vendredi d'Alicante et le dimanche du Casino de Lyon sur Mer et on se demande ce qu'il fout dans cet endroit pourri.


Vous qui peiner à battre la NL20 de PMU.fr, ça vous irrite ?
Moi aussi.
Je le hais ce river came.

Et ce post est une tentative mal déguisée pour lui pourrir la vie et lui piquer ses visiteurs.
Moi aussi, je peux vivre des expériences fabuleuses, découvrir des lieux insolites, rencontrer des joueurs mystérieux et jouer des mains insensées. (avec des putes et de la coke)

D'ailleurs pas plus tard qu'hier soir (vous avez vu la transition ?), je sortais nonchalamment du Job Poker Tour 2 (parce que certaines personnes ont vachement de mal à folder le jeu max quand d'autres personnes envoie tapis avec T haut), quand tout à coup...

Je me rends compte que je vais avoir du mal à garder vivant l'intérêt de cette histoire si j'utilise des ruses aussi grossière que "quand tout à coup"

Je reprends.

Je me fais donc éliminer du Job Poker Tour 2 et je suis assez frustré de devoir arrêter de gambler pour ce soir. Quand tout à coup (c'est viscéral, je suis désolé), un jeune homme, que nous appellerons Patapon (pour garder son anonymat et pour le rendre un peu ridicule), me parle d'une autre partie qui commence dans le centre de Lille.

C'est une partie régulière du vendredi soir m'explique Patapon dans la voiture. Une partie de copains qui se réunissent dans la cava de Ringo, le maître des lieux (qui ne s'appelle pas vraiment Ringo).
Puis Patapon fait un aparté sur Ringo.
"Tu vas voir, il est très sympa mais y a un truc que Ringo aime pas. C'est perdre des coups. Que tu sois devant ou derrière, que tu l'ai joué parfaitement ou à l'envers, quand tu prends un coup à Ringo.. C'est Toujours mal joué. Ne te formalise pas."
Promis je ne me formaliserais pas.

Patapon gare la voiture devant un panneau "interdit de stationner.
Après avoir pisser sur le panneau (ouaih faut pas nous faire chier), nous arrivons dans cette petite rue éclairée par quelques faibles lampadaires.
Patapon se penche, ramasse un truc qui ressemble à une poignée accroché à un fil et tire plusieurs fois. J'apprendrais tout à l'heure que le fil passe par un conduit d'aération et vient faire sonner une petite clochette dans la cave pour avertir de la présence d'invité.
Effectivement, 30 secondes plus tard, Ringo lui même, en chemise hawaïenne et lunettes de soleil, vient nous ouvrir, nous fait emprunter un couloir encombré de jouets d'enfants et ouvre une petite porte qui donne sur un escalier qui descend dans les profondeurs de la maison.

Du bas de l'escalier monte un air de reggae, une vague de chaleur moite, et une douce fragrance qui me rappelle mes 15 ans et chaque marche descendu accentue ces trois sensations.
Arrivé quasiment en bas de l'escalier, c'est, il faut bien le dire, un nuage de ganja à couper au couteau à steak qui me saute à la gueule.
L'endroit me plaît immédiatement. Des affiches des Beatles, de B.Marley et autres joyeux drilles tapissent les murs. Au fond de la cave il y a un bar à l'américaine sous des étagères surchargées de bouteilles d'alcool. Une platine 33 tours crache du reggae. Des petites lumières rouges baigne la pièce dans une ambiance chaude et coconale. Au milieu de ce petit espace, il y a deux tables de poker dressée avec une petite vingtaine de poilus autour.
Il y a le sosie de Bubbles de la série "The wire" , un mec qui a une montagne de coquille de noix devant lui, deux autres qui s'engueule sur un coup, un au fond qui dort (ou alors qui fait bien semblant), et partout, ça parle, ça rigole, ça fume, ça crie, et de temps en temps, ça joue au poker.
La partie a apparemment commencé il y a déjà 50 minutes mais ça ne gène personne que nous nous installions là ou il y a de la place et que Ringo nous donne un stack à chacun.

C'est un 10000 jetons, 10 euros, rebuy OU addon, avec des rounds de 15 minutes. Autant vous dire que ça va envoyer du pâté.

La partie en est déjà aux blinds 100/200.

Courte présentation avec mes adversaires :
"Salut, moi c'est Antonin"
"Ton pseudo sur PKL c'est quoi ?"
"...Euh....Kaviar"
"Ah c'est toi le fameux Kaviar ?"
"Non moi c'est caviar avec un c, Kaviar avec un K c'est un autre mec..." (bin voyons)
"Il parait que t'es un gros bluffeur toi"
"...grfzzz"

Deux mois.
Il m'aura fallu à peine deux mois...
C'est Kaviar, il a rien, je call.

Et bin dans un tournoi ou le vol de blind light va être vitale, j'ai pas l'air con avec ce genre d'étiquette.

Sur le premier coup que j'observe, nous avons une boîte à 10k dans un pot de 1800 de Patapon sur un flop 8h6d3cavec 6s6h, payé par un jeune homme avec Ac8c et par un autre jeune homme très ambitieux avec AsQs. Et il a bien raison parce qu'on sait jamais et qu'au poker, c'est bien connu, l'important c'est pas les cartes....

J'avais raison, ça envoie du pâté.

Je laisse passer une ou deux orbites.
C'est drôle.
C'est vraiment drôle.
Chaque coup est trèèès long, parce que :
faut rappeler aux blinders qu'ils doivent poser les blinds,
puis à l'UTG que c'est à lui de parler,
puis au cutoff que ce n'est pas à lui,
puis à réveiller UTG+3,
puis à rerappeler aux blinders de mettre leurs blinds,
puis à expliquer au bouton qu'il ne peut pas call 300 puisque HighJack a relancer à 1100 et que oui les 300 sont engagés,
puis à attendre que la SB est fini de rouler son joint.
Les coups sont évidemment très disputés et ce jusqu'à la river.
Puis une fois qu'on a bien déterminer à qui le pot appartenait, on redemande aux blinders de donner les blinds.

Comme les niveaux augmentent tout les 1/4 d'heure, c'est en 300/600 que je commence un peu à me mettre en action.

Dans le joyeux bordel ambiant, il est très difficile de déterminer les niveaux des joueurs. Et les niveaux sont très éclectiques.

Si j'ai bien identifier le jeune homme ambitieux comme aimant partager ses richesses, il y a deux trois joueurs à table qui n'ont pas l'air tendres, Ringo en fait partie.

Je relance deux fois à 1600 avec des mi-mains et mon voisin direct me 3 bet deux fois à 4000. Rofflll.
Heureusement le jeune ambitieux me passe la moitié de son stack.
Ce qui me permets de raise au cutoff avec A5s. Comme attendu, mon voisin me raise à 4000. Je l'insta boîte à 14k et il m'insta call avec les QQ...
Je sens les regards lourds de Ringo se poser sur moi....

Je descend donc à 1600 ce qui est peu en blinds 300/600.
Boite sur boite sur boite. Je remonte à 25k....
Puis vient le coup....
Blind 400/800.
Je relance au HJ avec As4s à 1800.
Et Ringo me regarde fixement et envoie sa boite à 5125.
J'ai donc 3325 à rajouter dans un pot qui en fait 8125 avec A4s, je ne vous fait pas l'injure de vous demander ce que vous auriez fait. Mais je sais déjà ce qui va arriver.
Je call et Ringo retourne Th9h
Le board ne change rien et la river n'est pas tombé depuis 1millionième de seconde que j'y ai droit.
Ringo : "A4, c'est loose comme call..."
Silence pesant à la table.
Moi : "..."
Ringo : "C'est impayable, je suis tout le temps devant"
Moi : "..."
Ringo : "t'aime bien partir à tapis toi"
Moi : "...grfzzz..."
Ringo ( à Patapon) : "Continue à nous en ramener des fishs comme ça!"
Patapon : "...grfzzz..."

Fort heureusement pour moi, une altercation vite étouffée éclate à l'autre table. Les foudres du maître de maison s'éloigne de ma tête.

Ringo recave donc et pars à tapis avec 77 contre 22.
C'est évident pour la table entière avant que le board soit poser.
22 finit en couleur et Ringo à l'asile.

Il monte se coucher en confiant les clés à son voisin.
D'en bas, on l'entend encore invoquer les démons des sept cercles de l'enfer 1/4 d'heure après....

La suite du tournoi pour moi n'a pas vraiment d'intêret.
Avec tout de même une amusante régularité dans la ligne :
1/vol de blinds de moi au cutoff ou au bouton
2/Boîte de la BB
3/fold de moi
4/BB montre Ak
C'est arrivé 5 fois.

Je sortirais peu de temps avant la bulle de manière anecdotique.
Et traverserais Lille à pied dans la nuit, la tête remplit de souvenirs émouvants que And the river came ne pourra que m'envier.
Je ricane doucement...






PS : Je veux absolument remercier Ringo pour m'avoir offert un siège dans sa magnifique cave. J'y ai pris beaucoup de sincère plaisir. En espérant m'y faire réinviter. Viva la cava.

5 commentaires:

  1. Nice CR, le style s'améliore à la fois cu côté littéraire et à la fois du côté "Audiard", tant à penser qu'Audiard ne soit pas un litérraire..

    Un grand merci à l'hommage!

    Très bonne histoire, on s'y croirait, c'est comme si on jouait et c'est bien le but..

    Keep Going

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  2. Très bonne histoire, on en redemande ;)

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  3. Ah Las Cavas !!!
    J'en ai joué des parties de ouf là-bas...
    Et je peux dire que l'ambiance est bien retranscrite ici...
    C'était plaisant de lire ça :)

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  4. Excellent CR !

    rien de mieux que les ambiances enfumées !!!

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